Grand Angle
Emmanuel Eboué : “Mon objectif est de former des hommes, pas seulement des footballeurs”
Trois ans après avoir fondé l’EEFC (Emmanuel Eboué Football Club), l’ancien international ivoirien, connu pour sa carrière en Europe, notamment à Arsenal et à Galatasaray, célèbre la montée de son académie en Division régionale de Côte d’Ivoire. Un aboutissement symbolique d’un travail passionné, méthodique et tourné vers la jeunesse. Dans cet entretien exclusif, il revient sur le parcours du club, ses motivations, ses espoirs et les défis à venir.
1 – Vous venez de décrocher la montée en Division régionale avec l’EEFC. Que représente cette réussite pour vous ?
Depuis la création du club, il nous a fallu trois ans de travail acharné avec mon staff pour former une équipe solide capable d’atteindre ce premier palier. Cette montée est une grande fierté. Nous avons construit, pas à pas, quelque chose de cohérent. C’est une étape importante, mais ce n’est que le début.
2 – Quel bilan tirez-vous de cette saison ?
Je suis satisfait. Très satisfait, même. En tant que président et coach, je suis fier de mes joueurs qui ont fait preuve de détermination tout au long de la saison. Nous avons terminé en tête de notre poule, avec la meilleure défense et la meilleure attaque. Ce n’était pas facile, et nous avons remporté les play-offs. C’est la récompense du travail collectif, du staff jusqu’aux joueurs.
3 – Comment avez-vous bâti cette équipe performante ?
J’ai mis toute mon énergie et toute l’expérience acquise durant ma carrière de footballeur. Ce n’est pas juste une question de technique ou de tactique. Il faut savoir transmettre l’état d’esprit. Financièrement, j’ai été soutenu par certains anciens coéquipiers, la Fédération Ivoirienne de Football (FIF) et un sponsor personnel dont je préfère taire le nom, mais à qui je suis très reconnaissant.
4 – Avez-vous eu des doutes ou des moments de découragement durant ce parcours ?
Jamais. Pas une seule fois je n’ai envisagé d’arrêter. Le football, c’est ce que j’aime. J’ai décidé d’aider les jeunes et je suis engagé à aller jusqu’au bout, avec la grâce de Dieu. Ma mission, c’est de donner une chance aux talents cachés de notre pays.
5 – Votre passé d’international ivoirien et de joueur en Europe influence-t-il votre manière d’encadrer les jeunes ?
Bien sûr. Mon parcours me permet d’apporter autre chose que du football. Je parle beaucoup avec les jeunes de mental, de discipline. Le talent seul ne suffit pas. Il faut de la rigueur et de la volonté pour réussir. Je suis plus qu’un coach pour eux, j’essaie d’être un grand frère. Je veux qu’ils soient des hommes équilibrés, pas seulement de bons joueurs.
6 – Pensez-vous que cette montée va ouvrir des opportunités pour vos jeunes ?
Je l’espère, et c’est déjà en cours. Après les play-offs, j’ai reçu plusieurs appels d’Europe, ainsi que de dirigeants de clubs du championnat ivoirien, intéressés par nos joueurs. Cette visibilité est essentielle. Mon rôle, c’est de les préparer pour ces opportunités.
7 – Quelles sont les particularités de votre académie par rapport à d’autres ?
La formation est gratuite. C’est un principe fort. En plus, on met un accent sur l’éducation. Les jeunes doivent aller à l’école, c’est une priorité. On lutte aussi contre l’immigration clandestine. Mon message est simple : on peut réussir ici, avec du travail et des valeurs.
8 – Quels enseignements avez-vous tiré de ces premières années ?
J’ai appris que rien n’est facile, surtout dans notre contexte. Le climat est rude, les infrastructures sont limitées, mais on fait avec. Ce que je retiens, c’est l’importance de la persévérance, de la passion, du courage. Quand on croit à un projet, il faut s’y accrocher malgré les difficultés.
9 – Quels sont les besoins actuels du club pour continuer sa progression ?
On a besoin de moyens, c’est évident. Financiers, bien sûr, mais aussi matériels. On cherche à renforcer l’équipe pour franchir une nouvelle étape la saison prochaine. Chaque coup de pouce est le bienvenu.
10 – Quels sont vos objectifs pour l’avenir du club ?
Mon ambition est claire : accéder à la division supérieure (la D3) et pouvoir participer à des compétitions internationales. Et surtout, voir mes jeunes réussir, ici ou ailleurs, dans de grands clubs. Inch’Allah.
11 – Un dernier mot pour vos soutiens ?
Merci aux joueurs, au staff, aux supporters, à mes anciens coéquipiers, à notre sponsor. Sans eux, rien de tout cela ne serait possible. Merci aussi à Stadivoire pour cette interview. Par la grâce de Dieu, on continuera cette belle aventure ensemble. Le meilleur est à venir.
